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Résumé de la discussion

MthS-MlndN
01-10-2008 17:20:56

IMPORTANT : indice rajouté pour le premier codage, suite aux difficultés d'un peu tout le monde...


LES EVENEMENTS RELATES DANS CE TEXTE ONT LIEU LE LUNDI SEPT JUILLET DEUX MILLE HUIT ENTRE DIX-HUIT ET DIX-NEUF HEURES.


18:00:01


"Alors, le repos a été agréable ?
- Oui, très, répondit Malandrin, nerveux.
- Très bien. Allez, vous allez encore vous balader un peu. Je suis sûr que vous y avez pris goût. En vérité, ça vous amuse.
- ...
- Votre silence en dit long, Malandrin. Et votre petit ami l'Instable s'amuse sans doute beaucoup, lui aussi.
- C'est sûr, il était parti pour une petite journée de tourisme chiante à crever, alors il est super-heureux de savoir qu'il va peut-être mourir aujourd'hui.
- Comment peut-on se sentir en vie si l'on n'a jamais senti le souffle de la Mort sur nos épaules ?
- ...philosophie bouddhiste ?
- En quelque sorte. (Malandrin vit Lanvois lui adresser des signes des bras, qui semblaient vouloir dire "du calme, s'il s'énerve on finit en chich-kebab". Il lui adressa un signe d'une main ; tout va bien, Lanvois.) Une fort belle chanson a été écrite dans un bar nommé The White Swan, par Messieurs Druon et Kessel, durant la Seconde Guerre Mondiale. Je vous demande de vous rendre à ce fameux White Swan. C'est à proximité de la station Chancery Lane. Quelqu'un vous attendra là-bas, avec un peu de lecture pour vous. Vous aurez un nom à trouver ; je ne vous rappellerai pas tant que vous ne l'aurez pas hurlé, de toutes vos forces, en pleine rue. Fin des instructions. Et dans une heure, poum."

Il raccrocha. Malandain fulminait.

"Un petit résumé ?" demanda poliment Lanvois.

18:03:57

Tandis qu'ils attendaient ensemble le tube, Malandrin, passablement énervé par les effets conjoints de l'ironie de l'Evaluateur et de sa propre fatigue, surprit Lanvois en train de fredonner un air qui lui rappelait quelque chose -- ça lui sonnait une cloche, comme l'aurait dit un anglophone.

"T'as pas trouvé de meilleur moment pour chantonner ?
- Calmez-vous, Malandrin, répondit Lanvois avec froideur et mordant, ce qui surprit assez Malandrin pour qu'il ne tente même pas de renchérir. La chanson de Druon et Kessel dont l'Evaluateur a parlé, c'est celle-là."

Et il se mit à chanter le premier couplet du "Chant des Partisans", tandis que le métro entrait bruyamment dans la station. Lanvois entama le refrain avec, en guise d'accompagnement musical, le long biiiiip annonçant la fermeture des portes de la rame.

"Très joli, commenta Malandrin amèrement. Chant révolutionnaire ?
- Pas vraiment, non, fit Lanvois amusé. Chant de résistance, datant de 1943, adapté d'un chant russe par deux journalistes qui avaient rejoint De Gaulle en Angleterre. C'est pour ça qu'ils l'ont écrite à Londres. Ca se tient, non ?
- Et qui sont ces Druon et Kessel ?
- Joseph Kessel était un écrivain et journaliste, qui a donné son nom à un prix très fameux, d'ailleurs.
- Le Prix Joseph Kessel ? tenta Malandrin.
- Ya, kamarad, répondit Lanvois avec un accent allemand exagéré. Attribué entre autres à Daniel Schneiderman.
- Celui d'Arrêt sur Images ?
- Exact, pour un livre du même nom. Il a eu le prix en 94, et l'émission a été créée en 95.
- Quoi d'autre pour Kessel ?
- Légion d'Honneur, commandeur des Arts et Lettres, et je passe les décorations militaires.
- Et Druon ?
- Neveu de Kessel, ministre des affaires culturelles sous Pompidou, secrétaire perpétuel de l'Académie Française pendant une dizaine d'années...
- C'est bon, je vois le genre. Et comment vous faites pour connaître tout ça ?
- Disons que ça fait partie de mes centres d'intérêt."

Ils gardèrent le silence pendant le reste du trajet, tentant tous deux d'anticiper le genre d'énigmes qui pourrait se baser sur ce chant de résistance ou ses auteurs. Malandrin, tout en cherchant divers plans de cryptage possibles à partir de deux clés, se sentit discrètement satisfait que Lanvois fût avec lui, et qu'il lui apportât un tel complément de culture ; pour sa part, il ne se sentait même pas capable d'orthographier correctement le nom de Kessel.

Lanvois, pour sa part, révisait ce qu'il savait de la vie de l'oncle et du neveu, tout en priant pour que le cerveau de Malandrin tourne à plein régime jusqu'à la fin de cette horrible journée.

18:28:10

"Excuse me, sir, fit Lanvois avec un accent atroce, where's the White Swan, please ?"

Malandrin aurait, en temps normal, pouffé à la vue de cette scène. Face à Lanvois, une jeune femme (très belle, d'ailleurs, avec ses grands yeux bleus et ses cheveux bruns très longs) se débattait à grand renfort de gestes pour faire comprendre le chemin à "l'Instable", qui regrettait apparemment que les Anglais parlassent si vite. Malandrin vit Lanvois revenir vers lui, apparemment confus.

"Bon, si j'ai bien compris, c'est par là", dit-il en pointant un angle de rue du doigt. Malandrin commença à s'y rendre en courant ; la perte de contrôle qu'occasionnait cette nouvelle épreuve l'obsédait et l'énervait. Cet Evaluateur sadique pourrait tout aussi bien leur demander de trouver le trou du cul de Londres en moins de vingt minutes.

Et l'heure lui semblait encore plus grave, maintenant qu'il avait un "compagnon d'infortune". Un Instable qui, d'ailleurs, s'avérait très calme vu la situation. Malandrin l'aurait imaginé fébrile, bégayant en permanence, se perdant, donnant du retard à tous deux ; en fait il prenait les devants et agissait avec une certaine froideur. Comme Malandrin l'avait fait au début ; après quelque temps passé à accepter l'idée qu'il risquait fort de mourir, il s'était soudain vu accomplir ses tâches avec précision, dans un état totalement asentimental. Quelque chose en lui avait juste décidé quelque chose comme "allez, maintenant qu'on s'est bien pissé dessus, au boulot !". Incroyable, quand même, la force mentale d'un être humain, se dit Malandrin, juste avant de rajouter : Putain, mais qu'est-ce que je raconte, moi ?

18:32:55

Le White Swan était un bar/restaurant à la facade distinguée, cadre et moulures noires, et une grande enseigne sur laquelle le nom du lieu était inscrit en grandes lettres blanches. L'intérieur semblait très classieux, vaste et lumineux, et un grand comptoir en bois sombre s'étendait sur plusieurs mètres.

A peine furent-ils arrivés qu'un serveur de taille moyenne, entièrement vêtu de blanc, sortit rapidement le bras de la porte d'entrée, le temps de lâcher un morceau de papier plié en quatre. Tandis que Malandrin s'escrimait à tenter de retenir le visage du jeune homme (ce qui s'avéra finalement inutile : une heure plus tard il ne s'en rappellerait déjà plus du tout), Lanvois déplia le papier et le consulta.

Ami, entends-tu
Le vol noir des corbeaux
Sur nos plaines?
Ami, entends-tu
Les cris sourds du pays
Qu'on enchaîne?
Ohé! partisans,
Ouvriers et paysans,
C l'alarme!


(Druon/Kessel)

http://www.prise2tete.fr/upload/MthS-MlndN-TM5.gif

ENEUSU

"Haineussue, prononça Lanvois nerveusement. Malandrin ? Besoin d'aide."

Malandrin se saisit de la feuille, passa directement au tableau accompagné de ces six lettres, auxquelles il fit correspondre trois paires de lettres. Il brassa rapidement les combinaisons et trouva un nom biblique, qu'il annonça à Lanvois.

Spoiler : Indice Il faut trouver un nom de TROIS lettres : chaque paire de lettres correspond à une unique position dans la grille.

"Bien, et maintenant ?
- Il faut que je le hurle au milieu de la rue."

Malandrin sauta du trottoir, s'installa droit comme un I au milieu de la rue, les mains placées en porte-voix autour de sa bouche, et hurla la réponse. Les passants se retournèrent, ébahis ; le patron du White Swan se dirigea vers l'entrée de son établissement pour chasser cordialement cet empêcheur de boire en rond ; un jeune hirsute au volant de sa voiture, musique house tonitruante poussée à volume maximal, s'arrêta devant Malandrin pour l'insulter copieusement. Mais Malandrin s'en fichait ; son portable sonnait dans sa poche.

18:35:21

Lanvois était ébahi par la scène qu'il venait de voir, et la froide détermination de Malandrin à accomplir un des gestes les plus absurdes qui soient lui semblait presque désopilante. Dans d'autres circonstances, il eût éclaté de rire.

Dans sa voiture, le jeune aux cheveux en piques hurlait son lot d'insanités, assez fort pour couvrir en partie le vacarme de sa musique d'ouvre-boîtes.

Le patron du White Swan, dans l'encadrement de l'entrée du bar, dévisageait Malandrin, apparemment résolu à l'envoyer en enfer.

Et Malandrin, entouré de bruit et de colère, ne se reposant plus que par le sourire bienveillant et non moqueur de Lanvois, était au téléphone.

"Apparemment, vous êtes mal vu dans ce quartier, désormais.
- Tant que ça vous fait rire...
- Malandrin, fit l'Evaluateur avec une pointe d'énervement, veuillez changer de ton, l'ironie vous va très mal. C'est un conseil d'ami. Un ami qui vous veut du bien, dirais-je.
- Excusez-moi trente secondes."

Malandrin se rua sur la voiture du jeune vulgaire ; son poing, qui passa par la fenêtre ouverte, le frappa à la tempe et l'assomma.

"Oui ?
- Voilà une horrible façon de passer sa colère, Malandrin.
- Je ne voulais pas passer ma colère, je voulais juste le faire taire pour mieux vous entendre.
- Bien. Dans ce cas, vous allez rire. Le gérant du White Swan vient de rentrer dans son pub, autant dire qu'il est sans doute en train d'appeler la police. Ce qui est bien dommage pour vous, puisque le petit morceau de papier qui vous donnera le prochain code sert de cale à une des tables du pub. Allez, adieu, Malandrin."

Clic.

18:37:33

"Lanvois ?" cria Malandrin, qui s'apprêtait déjà à courir un bon 1000 mètres. "On file ! Le gérant appelle les flics !"

Malandrin commença à descendre la rue en courant aussi vite qu'il pouvait, suivi par Lanvois qui prit un important retard sur le départ, mais le compensa en parcourant Fetter Lane à grandes enjambées. Ils bifurquèrent à gauche sur Fleet Street, puis prirent la première à gauche, une petite rue plutôt paisible.

"Là !" fit Malandrin en montrant, sur la gauche, une petite porte dérobée. "D'ici, on peut sans doute accéder au bar !
- Attends, fit Lanvois en attrapant Malandrin par le bras et en arrêtant sa course d'un coup, qu'est-ce qu'on irait y foutre ?
- Le code. Il est dans le bar, sous le pied d'une table."

Lanvois le dévisagea, interloqué. Plusieurs secondes passèrent en silence.

"Oh merde", cracha finalement Lanvois d'une voix faible, avec un sens de l'à-propos que Malandrin trouva remarquable.

18:40:12

"Putain", dit faiblement Lanvois après plusieurs autres secondes. "Comment on fait, maintenant ?
- L'arrivée des flics va captiver l'attention de tout le bar, fit Malandain. On devra profiter de ce moment pour fouiller.
- Il ne vaudrait pas mieux les prévenir de ce qui se passe ?
- Si j'avais ma carte de police, ça serait tentable.
- Quoi ? s'exclama Lanvois.
- Chhht, moins fort.
- Tu n'as pas ta carte de police ? chuchota Lanvois aussi fort qu'il pouvait.
- Je pensais pas en avoir besoin aujourd'hui, elle est à l'hôtel. Je pense pas qu'on ait le temps d'aller la chercher. Ah, et puis dans la série des bonnes nouvelles : si le patron du bar a repéré mon collier magique, je suis reconnaissable entre mille.
- Avec ton cuir, je pense pas qu'il ait repéré.
- C'est vrai que discret comme c'est... Manquerait plus que ça chante la cucaracha."

Lanvois dévisagea Malandrin plusieurs secondes.

"Humour de flics ? se risqua-t-il finalement.
- On va dire, ouais.
- Donc : on se planque, on attend les flics, on renverse le bar ?
- Si on le renverse, on est grillé.
- C'était une façon de parler, merde."

18:44:59

La sirène d'une voiture de police se faisait entendre à quelques rues de là.

"Aussi rapides qu'en France", fit remarquer Lanvois. Malandrin lui fit signe de se taire.

La voiture passa à une centaine de mètres d'eux, dans la rue d'en-dessous, puis bifurqua à droite dans la direction du bar.

"Allez, Lanvois, on y va.
- On va arriver directement en cuisine, je suppose ?
- Oui, pourquoi ?
- Pratique, pour la discrétion. Planque-toi et prépare-toi."

Lanvois frappa à la porte ; Malandrin, venant de comprendre ce que son involontaire adjoint était en train de faire, se colla au mur, dans l'angle mort de la porte.

La porte s'ouvrit sur un grand cuisinier blond qui tenait encore en main un immense couteau à viande.

"Yes ? fit l'homme au couteau.
- Hello sir, someone is waiting for you here.
- What ?"

Le cuisinier eut à peine le temps de sortir que Malandrin lui sautait dessus pour l'assommer. Lanvois le laissa faire à distance. Au bout de vingt secondes, l'homme était assommé. Lanvois lui ôta son tablier.

"Bien joué, Malandrin.
- Merci. Ce con m'a quand même entaillé l'épaule, mais ça va aller."

18:47:21

Lanvois entra calmement dans le restaurant, avec son déguisement de fortune et son couteau à viande, qu'il reposa sur un plan de travail avant de se diriger vers la salle.

"Hey, where d'you go ?" fit derrière lui un autre cuisinier. Il fit mine de ne rien entendre. "Hey ! Come back here just now !"

Le papier était bien en évidence, plié en quatre sous une table en plein milieu de la salle. Il s'y faufila, en faisant mine de rien, baissant quelque peu la tête : une dizaine de mètres plus loin, face à lui, deux agents de police en chemise blanche, la tête ornée d'un casque noir quelque peu ridicule, interrogaient les tenanciers du bar.

Il se rendit à la table qui, grâce à Dieu, était inoccupée, s'accroupit, prit le papier, le déplia, et lut :

En 900 avan notre ère, toute sortes de bêtes, pire ke dans un zoo, intégrérent 2 à 2 la gigantesque arche, san doute onéreuze, construite par 1 certain Monsieur Noé.

J'espère, mon cher Malandrin,  que ce court texte saura vous inspirer. Vivre/mourir : quel sera votre option ?

MVREOVMEMVURRRMVMRIRRRORMEMVMIRVRVRI

"Bingo."

18:50:10

"Excuse me sir ?" fit le chef cuisinier au patron du bar, lequel le dévisagea l'air de dire "tu n'as pas trouvé de meilleur moment pour me déranger ?".

"Could it wait for five minutes, please ? s'enquit le patron.
- Well, I guess not. One of our employees has left the kitchen ; he is just behind us."

Ils se tournèrent tous deux ; à côté d'une table bancale, un tablier de cuistot avait été enlevé à la va-vite et jeté en tas à même le sol.

"What the..."

18:52:14

Malandrin et Lanvois partaient en marchant, l'air de rien. Malandrin consultait le papier laissé par l'Evaluateur.

"Je suppose qu'il faut faire pareil qu'à la précédente, fit-il. Il va me falloir un stylo, j'en ai plus."

Le silence gêné de Lanvois ne le rassura pas.

"T'en as pas non plus ?
- Euh... Non. On peut pas faire sans ?
- Honnêtement, non. Mon cerveau ne sera pas capable de suivre.
- Pourquoi on n'a pas gardé un seul stylo ?
- On devait avoir autre chose en tête.
- Bon ben on va demander."

18:57:39

Après quelques demandes, Malandrin et Lanvois finirent par trouver un stylo et, voyant leur état de panique, un jeune homme leur offrit même un carnet de notes. Ils décidèrent de ne plus se séparer de l'un ni de l'autre jusqu'à la fin de leur journée.

Malandrin avait reconstitué une grille, dans laquelle il avait savamment prélevé des lettres. Apparemment la réponse se composait de 18 caractères, mais il fallait souvent choisir entre deux lettres possibles.

"Ca n'a pas l'air très duir, fit Lanvois, regarde." Et il montra à Malandrin que le code était inscrit directement. Malandrin traduisit le reste de la phrase en guise de vérification et entra le code.

18:58:31

Toujours pas de détonation. Au moment même où le petit déclic du mécanisme du collier se fit entendre, Malandrin resombrait dans une courte déprime : ce jeu l'abîmait, il voulait en finir. En bien comme en mal, peu importait. En finir, arrêter de courir dans tous les sens, c'est tout.

Plus aucune surprise. Téléphone portable, voix lente et douloureusement mélodieuse.

"Vous allez finir par y prendre goût, tous les deux.
- La ferme, rétorqua Malandrin sans y penser.
- Très bien. Je vous avais prévenu. Dix minutes de pénalité pour vous apprendre la politesse. Prenez le temps de réfléchir à ce que vous venez de faire, et aux raisons facilement compréhensibles pour lesquelles vous ne le ferez désormais plus."

Clic.

"Merde, fit Malandrin.
- Quoi ?
- Il m'a envoyé paître.
- Ah ben félicitations ! cria Lanvois en applaudissant, ce qui fit se retourner quelques badauds. C'est une bonne idée, ça, de l'envoyer se faire foutre ! Ca va nous rapporter gros !"

Emporté par son énervement, il le saisit au col.

"T'avais rien de plus intelligent à faire, par hasard ? Tu nous mets dans une merde noire, là !"

Interpellés par cette altercation, deux policiers s'approchaient d'eux, visiblement prêts à l'interpellation.

19:00:00

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