7
"Papiéchau, je recherche une certaine Isabelle Poussin. Cherche-la aux alentours de l'école, elle y habite sans doute.
- Je lance la recherche sur tout Paris, répondit le commissaire des Piérettes. Reste en ligne, ça ne prendra que quelques dizaines de secondes.
- Je reste en ligne. Merci."
En quelques minutes, la donne avait encore changé. Première surprise : une victime qui a sur elle un message crypté, qui code le surnom de quelqu'un, Brutus. Deuxième surprise, phénoménale cette fois-ci : elle correspondait avec quelqu'un qui lui a annoncé, la veille de son décès, que Brutus allait la tuer. Qui est Brutus ? Pourquoi en voulait-il à Cindy et, probablement aussi, à cette Isabelle ? Et pourquoi ces deux-là correspondaient-elles par messages cryptés ?
…en fin de compte, il fallait vraiment que ce soit moi sur cette affaire, conclut Malandrin avec un semblant d'amusement, Gadjo ou Nopin auraient déjà craqué.
"Malandrin ? cracha nerveusement le combiné de son iPhone.
- Je t'écoute, Papiéchau.
- J'ai une Isabelle Poussin à deux pas d'ici. Je t'envoie son adresse tout de suite. C'est au sud de l'école Kock.
- Je suis juste devant, constata Malandrin tandis qu'il regardait passer, en sens inverse, de magnifiques jouvencelles - oh ! toutes plus mignonnes et fraîches, pleines de fesses et de seins dont la rotondité réveillait le palpitant désir de la chair qui sommeillait sous l'habit austère de l'inspecteur (qui ne regrettait pas de repasser devant le noble institut Kock précisément à une heure de sortie de cours). Je te rappelle, merci pour tout" conclut-il hâtivement avant de raccrocher.
Il pensait à Nopin et Gadjo, qui allaient sans nul doute le jalouser encore plus quand il rentrerait, bredouille mais plein de succulents souvenirs visuels et sonores… entre deux fouilles d'appartements austères et autres quêtes d'un quelconque complot diabolique. Lui qui aurait voulu avoir plus de temps pour "profiter du paysage", il sentait que l'affaire, déjà, prenait un tournant étrange. Des messages codés de partout, deux jeunes filles s'échangeant des petits mots concernant un certain Brutus… Il y avait comme un début de noirceur dans l'air.
8
Malandrin toqua à la porte. Pas de réponse, sans aucune surprise. Si le message d'alerte adressé à Cindy était sincère, alors elle était sans doute partie. Un passe, quelques mouvements de poignet, et Malandrin était dans un appartement sombre, aux volets clos, et à l'ambiance étrange. La vague odeur d'encens qui venait chatouiller les narines de l'inspecteur aurait semblé bizarre aux yeux d'autres policiers, d'autant qu'elle "jurait" avec les posters de Cannibal Corpse, Meshuggah, Aphex Twin ou Mr Oizo punaisés aux murs. Papiéchau lui-même, appuyé sur sa canne en ébène sculptée (non pas qu'il en avait particulièrement besoin, mais elle lui "donnait un genre", disait-il), se serait sans doute exclamé : "L'encens cache sans doute d'autres odeurs… Je suis sûr qu'il y a de la marijuana là-dedans." Et il aurait rajouté, avec un petit sourire en coin, à l'attention de Malandrin dont la consommation modérée de sativa n'était un secret pour personne : "Saletés de drogués !"
Ce qui se voyait le plus, une fois cet étonnant contraste musique-de-barges/encens-à-la-bergamote digéré, c'étaient les tiroirs et placards des deux meubles de la chambre d'Isabelle. Grands ouverts, à moitié vides, les vêtements restants retournés et froissés, certains rejetés rapidement en boule. Relents d'un départ précipité. Vers où ? Malandrin envoya un rapide message à Papiéchau : "Isabelle envolée. Des traces d'elle dans les 72 dernières heures ? Aéroports, gares, loueurs de voitures ? MDA." Comme il tenait à rester poli même dans l'empressement, il avait habitué ses collègues (et, dans une moindre mesure, certains de ses amis) à ce MDA signifiant "merci d'avance".
Son réflexe fut de se précipiter sur l'ordinateur qui trônait sur un bureau en bois massif, espérant qu'Isabelle aurait pu ne pas effacer certaines traces de sa correspondance avec Cindy qu'il n'avait pas pu retrouver chez cette dernière. Il avait bien sûr vérifié, tandis qu'il était chez Cindy, qu'il n'y avait pas d'autre trace d'Isabelle, et avait dû conclure qu'hélas non.
Sur le bureau se trouvait un CD, qu'il connaissait déjà par coeur. Décidément, ses goûts et ceux de cette Isabelle étaient très proches… Ce qu'il n'avait encore jamais vu, c'était le sticker apposé sur la pochette elle-même (même pas sur le boîtier, étonnant) :
Dans les mails, il trouva un mail adressé à Cindy, et aucun provenant d'elle. C'était déjà ça.
CPOTPJS EKPFA,
K'BJ TGPEQPVTG XQ GIVXEMR RFWH JGTY BU JIZ QRNA CYSB. JM UGODNGTCKV TX'LO EMX VZJQVZJX XKTYKOMTKSKTZY ZBY VWBZM QXVVN. EFNBJO UQKT, YLQJW LIYVIW. K'FTQFSF SWG WX WIVEW QF.
KF V'GODTCUUG.
PJ :
code.jpg (180 Ko)
bar.jpg (163 Ko)
Que faire avec ça ? Malandrin commença par comprendre (plutôt rapidement) l'image nommée "code". Elle était juste composée de deux images qui faisaient partie de sa culture, et il obtint ainsi le nom du code qui lui permit de traduire le texte du mail. L'image "bar" complétait les informations du mail ; il eut besoin de Google pour réussir à traduire le trajet qu'il représentait en un nom commun. J'espère que c'est le nom du lieu, pria-t'il intérieurement, juste avant d'envoyer un nouveau message à Papiéchau pour lui demander quelques recherches supplémentaires. Après une petite minute, que Malandrin passa à chercher en vain d'autres pistes, le commissaire le rappelait pour lui donner l'adresse, toujours dans le même quartier (sans grande surprise).
Sur la route vers le bar, Malandrin traduisit rapidement le message du CD ; le code était simple et vieux comme Mathusalem. Une inquiétude, un soupçon… un avertissement ? Venait-il de Cindy, qui aurait prêté ce disque à Isabelle uniquement pour lui faire passer le message ?
Le plus important était l'identité de ce Brutus ; car elles le cherchaient, et il était sans aucun doute lié au meurtre de Cindy. Malandrin en avait déjà assez de se faire balader ainsi d'un lieu à l'autre, mais cela constituerait sans doute 95 % de son enquête, alors… tant pis pour les naïades de l'école Kock, dont la grâce juvénile l'avait tant émoustillé. Tant pis pour ces frêles jouvencelles à la beauté exquise et aux rotondités délicieusement charnues. Il restait encore la possibilité d'inviter la belle conseillère principale à boire un petit verre dans la soirée…
PS : la case réponse valide le nom du bar (qui sera le lieu du prochain épisode).
PS 2 : ma boîte à MPs est ouverte, mais je ne peux pas promettre de répondre très vite pour cause de trop-de-taf-cette-semaine-c'est-grave. Je ferai quand même des efforts 
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