Lorsque j'exposai l'affaire Vittorio Chiame-Sepre à Nopin et Gadjo, ils en restèrent cois. Un testament sur lequel trois divisions différentes sont proposées pour l'héritage, les trois savamment cryptées ; testament apparemment réécrit quelques jours à peine avant la mort "accidentelle" du vieil homme (il faudrait que je mette le labo sur le coup). Et malgré tout, la victime signe son acte, mais assez discrètement pour éviter d'éveiller les soupçons. Il était donc forcément au courant qu'on lui en voulait. A moins qu'il n'ait agi ainsi par "simple jeu". Allez savoir.

"Mais alors... commença Gadjo. Alors quoi ?
- Alors il faudrait commencer à enquêter là-dessus.
- Désolé, me fit Nipon, nous sommes occupés par l'affaire Mamioshka, et nous ne pouvons pas laisser tomber pour l'instant. Il faudrait que tu t'en charges seul.
- Seul ? Mais je ne m'en sortirai pas...
- Nous serons là pour t'aider, me coupa Gadjo. Dans la mesure du possible. Mais si tu commences à enquêter sur ce bonhomme et sa famille, nul doute que tu tomberas sur ces p****ns de codes de partout, et là-dessus tu es meilleur que nous.
- Mais pour tout le reste, nous serons là, fit Nopin. Nous obtiendrons la permission d'effectuer une nouvelle autopsie sur le corps de Chiame-Sepre et nous te communiquerons les résultats aussi vite que possible. Et tu as l'autorisation de mener cette enquête comme tu l'entends. Laisse juste ton portable allumé 24h/24 au cas où l'on ait besoin de toi. Allez, bonne chance, petit."



Je me suis vite dit que j'aurais du mal à soutirer des informations du notaire, qui devait forcément être dans le coup, et qui aurait sans doute des gens pour le défendre et des articles de lois à me brandir. Flic ou pas, je n'étais pas assez armé contre ce genre d'hommes ; il me faudrait établir un dossier solide avant qu'il ne me laisse fouiller dans ses dossiers.

Je commençai donc mon investigation chez Louis, le fils aîné. Sans surprise, son appartement était décoré avec un faux luxe plutôt étrange. Un réalisateur de téléfilms qui se prenait pour une superstar du cinéma, comme tant d'autres. Par conséquent, un homme qui avait sans doute ses faiblesses. Les techniques de questionnement que Gadjo m'avait enseignées me revinrent à l'esprit, et je le louai de m'avoir ainsi guidé.

"Bonjour, Monsieur Malandrin, me fit Louis avec une décontraction fallacieuse (ses mains semblaient crispées ; difficile d'attribuer cela à une culpabilité quelconque : la plupart des gens se font dessus dès qu'ils voient un flic).
- Bonjour. Je suis désolé de vous demander cela, vous devez sans doute être remué par la mort de votre père, mais... Puis-je jeter un coup d'oeil à votre appartement ?
- Pour quelle raison ? me fit-il, nerveux et visiblement attristé.
- Suite à cet affaire d'héritage, nous voudrions trouver des traces que votre père auraient laissées peu avant sa disparition, improvisai-je. Pour nous faire une idée de ce qui l'aurait poussé à réunir trois volontés contradictoires sur le même testament.
- Allez-y, je suis prêt à coopérer. Je vous demanderai juste de ne pas entrer dans la salle du fond ; elle contient des années de travail, ainsi que des projets cinématographiques que je tiens à garder pour moi."

Cause toujours, me dis-je. Dans son appartement, je trouvai une lettre signée de la main de son père. Plutôt énigmatique, le père, comme à son habitude.

15-14 16-1-19-19-5 5-14 2-9-14-1-9-18-5. 4-5 5 5-14 5.

11100 01100001011010010100100100010110011 00100000010111010011 0001100101 100011010101001 10011101010100110100.

O X O X O O O X O X O X X X O O O X O X X O O O O X O O X O O X O O X
X O X X O O X O O X O X X O O O O X O X O O X X X O X O O X O O X O X
X O O X O O O O O X O X O O X X O O O O O O X O X X O O X O X O O X X
O X X X X O X X X O O X X X O O O X O X X O X X O O O O X X X O O X X

Spoiler : Indice On réutilise la logique du premier code dans le deuxième ; on réutilise la logique du deuxième dans le troisième.

Spoiler : Indice 2 Pour vous éviter de compter : il y a en tout 140 caractères dans le troisième code.

Très significatif, pensai-je. Et pour ce qui est de Camille ? Il faudrait que j'aille la voir.



Je ressassais les différents éléments à ma disposition lorsque Nopin m'appela.

"J'ai une grande nouvelle à t'annoncer, me fit-il.
- Dis toujours.
- Vittorio Chiama-Sepre n'est pas mort tout seul. On a retrouvé des traces de poison dans son sang. Ledit poison provoque un épaississement du sang, d'où arrêt cardiaque en quelques minutes. La première autopsie a été bradée, je pense.
- Ma thèse se confirme donc.
- Oui. Je peux te donner un conseil ?
- Je t'en prie.
- Si quelqu'un t'offre un verre, tu peux l'accepter, mais prends une ou deux aspirines en même temps.
- Pourquoi ?
- Pour fluidifier ton sang. Si le tueur souhaite essayer son poison sur toi, un simple cachet d'aspirine y remédiera. Sauf, bien entendu, s'il y met des doses de cheval.
- Merci de me rassurer.
- Je t'en prie. Bonne soirée, collègue."